Quel substrat choisir pour les isopodes ?
Quel substrat choisir pour les isopodes ?
On va être honnête deux minutes : quand j'ai eu ma première colonie d'isopodes (des Porcellio scaber, des classiques), j'ai fait l'erreur que tout le monde fait. J'ai pris du terreau universel qui traînait dans mon garage, j'ai mis quelques feuilles mortes ramassées à la va-vite, et je me suis dit que ça irait.
Spoiler : ça n'a pas été la grande fête.
Pourquoi ? Parce que j'avais oublié la règle d'or en terrariophilie des cloportes : pour eux, le sol n'est pas juste un sol. C'est leur nourriture principale.
Si vous choisissez un substrat uniquement pour l'esthétique ou parce que c'est le moins cher à la jardinerie du coin, vos petits protégés vont survivre un temps, mais ils ne vont pas prospérer. Ils risquent d'avoir des soucis de mue, de ne pas se reproduire, ou pire, de mourir de faim lentement.
Aujourd'hui, on va voir ensemble comment composer le "sol parfait" pour vos isopodes, sans jargon scientifique inutile, mais avec des conseils terrain que j'ai appris à la dure.
Comprendre le rôle du substrat : Le concept du "Buffet à volonté"
C'est la notion la plus importante à retenir. Vos isopodes sont des détritivores. Dans la nature, ils passent leur vie à manger la matière organique en décomposition au sol. Les légumes ou la nourriture à poisson que vous leur donnez en supplément, c'est le dessert. Le plat de résistance, c'est le substrat.
Un bon substrat doit donc remplir trois fonctions :
- Nourrir : Fournir de la matière organique dégradée.
- Retenir l'humidité : Les isopodes respirent par des branchies (oui, comme les poissons, mais adaptées à l'air humide), ils ont besoin d'humidité pour ne pas suffoquer.
- Permettre de creuser : Beaucoup d'espèces aiment s'enfouir pour se protéger ou muer.
Les ingrédients de base d'un bon mélange
Oubliez la tourbe pure ou le terreau plein d'engrais chimiques. Voici ce qu'il faut viser pour un mélange maison efficace.
1. La base terreuse (Volume et Texture)
C'est la structure de votre sol. J'aime bien utiliser un mélange de terreau bio sans engrais (très important, les engrais tuent les isopodes) et de fibre de coco. La fibre de coco est géniale parce qu'elle est aérée et retient bien l'eau, mais attention : elle n'a aucune valeur nutritive. Si vous ne mettez que de la coco, vos cloportes vont mourir de faim. C'est juste un support.
2. Le bois pourri (L'or blanc)
Si vous vous baladez en forêt, cherchez du bois qui s'effrite dans vos mains, qui est devenu blanc et spongieux. C'est ce qu'on appelle la pourriture blanche. C'est un festin absolu pour eux. Je broie souvent des morceaux de ce bois pour les mélanger directement à la terre. Ça aère le sol et leur donne à manger en permanence, même quand ils sont enfouis.
3. Les feuilles mortes (Indispensable !)
Ne soyez pas radin sur les feuilles. Il en faut broyées dans le mélange, et une couche épaisse sur le mélange. Le chêne et le hêtre sont les valeurs sûres, car elles se décomposent lentement. Les feuilles d'arbres fruitiers sont très appréciées aussi mais disparaissent plus vite.
D'ailleurs, si vous avez envie d'ajouter de nouvelles espèces à votre collection, jetez un œil à notre sélection d'isopodes disponibles chez TerraLife, on a des espèces incroyables qui raffolent de ce type de setup.
4. Le Calcium (Pour une carapace solide)
Pour grandir, un isopode doit muer. Pour muer, il a besoin de calcium pour reformer son exosquelette. Sans calcium dans le substrat, les mues échouent et c'est souvent fatal. Vous pouvez mélanger de la poudre de coquille d'huître, de la craie naturelle, ou du calcaire broyé directement dans votre terre.
Le débat : Faire son mélange ou acheter tout fait ?
C'est la question qui revient tout le temps. Franchement, les deux se valent, ça dépend de votre temps et de votre envie de bricoler.
L'option "D.I.Y" (Fait maison) :
C'est gratifiant d'aller en forêt, de ramasser son bois, ses feuilles, de faire sa tambouille. Mais attention aux indésirables (acariens prédateurs, mille-pattes, pesticides si vous ramassez au mauvais endroit). Si vous faites ça, vous devez stériliser votre récolte (passage au four ou congélateur) pour ne pas introduire de nuisibles dans vos terrariums.
L'option "Tranquillité d'esprit" :
Si vous n'avez pas envie de transformer votre cuisine en laboratoire de terre, ou si vous avez peur de mal doser les ratios, prendre un substrat spécialisé est la solution de sécurité. Chez TerraLife, on a développé un substrat spécial isopodes qui contient déjà le bon équilibre de bois pourri, de feuilles, de calcium et de matière organique. C'est littéralement celui qu'on utilise pour nos propres élevages. On ouvre le sac, on verse, et c'est prêt.
L'importance du gradient d'humidité
Quel que soit le substrat choisi, ne le détrempez pas uniformément. La plupart des isopodes (surtout les Armadillidium) ont besoin d'un coin humide et d'un coin plus sec.
Mon astuce : j'ajoute une poignée de sphaigne bien humide dans un seul coin du bac, mélangée ou posée sur le substrat. C'est leur "zone de sécurité" pour s'hydrater. Le reste du bac reste légèrement humide mais pas mouillé. Si vous pressez le substrat dans votre main et que de l'eau coule, c'est trop mouillé !
Quand faut-il changer le substrat ?
C'est une erreur classique : on installe le bac et on n'y touche plus pendant 2 ans. Le problème, c'est que le substrat s'épuise. Les isopodes mangent tout ce qui est bon, et le sol se transforme petit à petit en... déjections (ce qu'on appelle le "frass").
Vous verrez le niveau du sol baisser et la texture devenir plus granuleuse, presque comme du marc de café. C'est le signe qu'il faut agir.
Vous n'êtes pas obligé de tout changer d'un coup (ce qui stresserait la colonie). Je vous conseille de faire des changements partiels : retirez un tiers du vieux substrat et remplacez-le par du neuf tous les 6 mois environ, selon la taille de votre population. Et remettez toujours des feuilles mortes en surface dès qu'il n'y en a plus.
Erreurs courantes à éviter
- Utiliser de la terre de jardin brute : Elle est souvent trop compacte, argileuse, et peut contenir des pesticides ou des prédateurs.
- Oublier le bois mort : C'est vraiment la base de leur régime alimentaire sur le long terme.
- Les copeaux de résineux : Évitez les copeaux de pin ou de cèdre frais, les huiles essentielles qu'ils contiennent peuvent être toxiques pour les invertébrés.
Conclusion
Choisir le bon substrat, c'est 80% du travail pour réussir l'élevage d'isopodes. Une fois que votre sol est riche, aéré et nutritif, vos cloportes feront le reste. Ils se reproduiront, nettoieront votre terrarium et vous offriront un spectacle fascinant.
Prenez le temps de bien préparer leur maison, ils vous le rendront bien !
FAQ : Vos questions sur le substrat à isopodes
Puis-je utiliser du terreau pour plantes d'intérieur ?
Seulement s'il est bio et garanti sans engrais ni pesticides. Mais attention, le terreau seul ne suffit pas, il faut impérativement y ajouter des feuilles mortes et du bois pourri pour la nutrition.
Faut-il tasser le substrat ?
Non, surtout pas ! Les isopodes ont besoin d'un sol aéré pour pouvoir creuser facilement. Laissez le substrat "fluffy" et léger.
Quelle épaisseur de substrat faut-il mettre ?
Je recommande au minimum 3 à 5 cm de profondeur. Cela permet de maintenir une humidité stable au fond, même si la surface sèche un peu. Pour les plus grosses espèces, vous pouvez aller jusqu'à 8-10 cm.
Mon substrat sent mauvais, c'est normal ?
Non, un bon terrarium sent l'humus, la forêt après la pluie. Si ça sent l'œuf pourri ou la vase, c'est que votre substrat est trop détrempé et que des bactéries anaérobies se développent. Aérez le tout, ajoutez des collemboles et réduisez l'arrosage.
