Collemboles rouges : le guide complet pour les maintenir et les reproduire (Lobella sp.)

Si vous êtes tombé sur cet article, c'est probablement que vous avez déjà fait le tour des classiques collemboles blancs tropicaux. On les aime bien, ils font le boulot de nettoyage, mais soyons honnêtes : niveau esthétique, on a vu plus excitant. On les met dans le terrarium et pffuit, ils disparaissent sous une feuille pour ne plus jamais être revus.

Et puis, un jour, on scrolle sur Instagram ou on visite une boutique spécialisée et on tombe sur eux : les collemboles rouges (souvent des Lobella sp. Thai Red ou des espèces proches de la famille des Neanuridae). Ils ressemblent à des petits bonbons gélifiés, ils ont une couleur rouge vif incroyable qui tranche avec le vert des mousses, et surtout... ils sont lents. Ils ne sautent pas partout dès qu'on ouvre la boîte.

C'est souvent le coup de foudre immédiat. Mais attention, maintenir ces petites merveilles n'est pas tout à fait la même limonade que les collemboles blancs indestructibles qu'on oublie au fond d'un placard. J'en ai fait l'expérience, j'ai eu mes échecs (paix à ma première souche), et aujourd'hui je vais partager avec vous tout ce qu'il faut savoir pour non seulement les garder en vie, mais réussir à les faire prospérer.

C'est quoi exactement ces collemboles rouges ?

Avant de parler substrat et nourriture, faisons les présentations. Les collemboles rouges que nous proposons généralement en terrariophilie sont souvent identifiés comme des Lobella sp. (souvent originaires de Thaïlande). Contrairement à leurs cousins blancs (Folsomia candida) qui sont des sprinteurs, les Lobella sont de gros pépères tranquilles.

Ils sont plus gros (certains atteignent 3 à 4 mm, ce qui est géant pour un collembole), ils ont un aspect bosselé un peu comme une framboise microscopique, et ils ne possèdent pas toujours de furca (l'organe qui permet de sauter) fonctionnelle. Résultat ? Ils se baladent nonchalamment sur le décor.

C'est ce qui les rend géniaux pour un terrarium d'observation : on les voit vraiment. Mais c'est aussi ce qui les rend plus vulnérables. Ils ne peuvent pas fuir les prédateurs aussi vite, et ils sont souvent plus exigeants sur les paramètres.

L'installation : ne faites pas l'erreur du débutant

La première erreur, c'est de penser qu'on peut juste verser la boîte dans un grand terrarium tropical dès la réception et que la nature fera le reste. Si votre terrarium est immense et peuplé de prédateurs, vos collemboles rouges vont juste devenir des snacks de luxe très coûteux.

Je vous conseille vivement de maintenir une souche d'élevage à part avant d'ensemencer vos bacs. Voici comment je procède.

Le contenant idéal

Pas besoin d'un palace. Une petite boîte en plastique hermétique (type boîte de conservation alimentaire) d'environ 1L suffit largement pour démarrer. L'important, c'est qu'elle ferme bien pour garder l'humidité, mais qu'on puisse l'aérer régulièrement. Les collemboles ont besoin d'oxygène, même s'ils sont minuscules.

Le choix du substrat : Charbon, Argile ou Terre ?

C'est là que les écoles s'affrontent. Pour les collemboles rouges (Lobella sp.), j'ai testé plusieurs méthodes :

1. Le Charbon actif seul : Ça marche très bien pour les collemboles blancs, mais je trouve que les rouges galèrent un peu plus. Ils aiment creuser légèrement ou se caler dans des anfractuosités humides. Le charbon sèche parfois trop vite en surface.
2. Le substrat naturel (Humus/Feuilles) : C'est l'option la plus naturelle. Un mélange de terreau fin, de feuilles mortes broyées et de bois pourri. Ils adorent ça car ils mangent le substrat lui-même. Si vous choisissez cette option, je vous recommande notre substrat spécial isopodes et microfaune qui est très riche en matière organique. C'est souvent là que j'ai les meilleurs résultats de reproduction sur le long terme.
3. L'Argile (Billes ou poudre) : C'est la méthode "laboratoire". On utilise de l'argile en poudre humidifiée qu'on tasse au fond, avec quelques morceaux de charbon. L'avantage ? On voit parfaitement les collemboles (le contraste rouge sur gris est top) et l'humidité est stable. C'est super pour surveiller la population, mais ça demande de nourrir plus régulièrement car le substrat n'est pas comestible.

Mon conseil : Si vous débutez avec eux, partez sur un mélange substrat naturel + charbon de bois. C'est plus permissif si vous oubliez de nourrir une semaine.

L'entretien : Le secret est dans l'humidité

S'il y a une chose à retenir de cet article, c'est ceci : les collemboles rouges détestent la sécheresse. Vraiment. Les collemboles blancs peuvent survivre à une baisse d'hygrométrie passagère en s'enfouissant. Les rouges, eux, se déshydratent à une vitesse folle.

Votre boîte d'élevage doit être constamment humide (mais pas noyée !). Si vous pressez le substrat, une goutte doit perler, mais ça ne doit pas dégouliner.

La température

Ils viennent de climats tropicaux (Thaïlande, Indonésie...). Ils aiment la chaleur, mais pas la fournaise. Une température ambiante de 24°C à 28°C est idéale. En dessous de 20°C, leur métabolisme ralentit tellement qu'ils arrêtent de se reproduire. Au-dessus de 28°C, c'est l'hécatombe assurée.

J'ai perdu une souche un été où la température est montée à 32°C dans mon appartement. Si vous vivez sous les toits, mettez la boîte au point le plus frais de la maison en été.

Nourrir vos Lobella : ils ne sont pas difficiles (mais gourmands)

Contrairement aux idées reçues, ils ne mangent pas que des moisissures. Ce sont des détritivores opportunistes. Dans ma routine d'élevage, je varie les plaisirs.

Voici leur menu favori :

• La levure de bière : Le grand classique. Saupoudrez-en très légèrement tous les 3-4 jours. Attention, si vous en mettez trop, ça moisit (c'est bien) puis ça pourrit (c'est mal) et ça attire les acariens (c'est l'enfer).
• Nourriture pour poissons en flocons : Riche en protéines, ça booste la ponte.
• Légumes : Une fine tranche de courgette ou de patate douce. Ils vont s'agglutiner dessus, c'est d'ailleurs une super technique pour en prélever si vous voulez les transférer dans un terrarium.
• Repashy ou poudres spécialisées : Il existe des mélanges tout faits pour la microfaune qui fonctionnent du tonnerre.

La règle d'or du nourrissage : Nourrissez PEU mais SOUVENT. Ne rajoutez de la nourriture que si la précédente a été consommée. La nourriture qui pourrit dans un coin est la porte ouverte aux invasions d'acariens ou aux pics d'ammoniac qui peuvent tuer votre souche.

La reproduction : Patience, jeune Padawan

C'est ici que la frustration peut arriver. Vous avez vos collemboles, ils vont bien, ils mangent... mais la population n'explose pas.

C'est normal. Les Lobella sp. ont un cycle de reproduction beaucoup plus lent que les collemboles blancs. Là où une population de Folsomia double en quelques semaines, les rouges prennent leur temps. Ils pondent moins d'œufs, et la maturation des jeunes est plus longue.

Il ne faut pas paniquer. Tant que vous voyez des adultes vivants, tout va bien. Au bout de 2 à 3 mois, vous commencerez soudainement à voir plein de minuscules points rouges vifs : la nouvelle génération est là. C'est un jeu de patience. Ne remuez pas le substrat, laissez-les tranquilles. Ils détestent être dérangés.

Problèmes fréquents et solutions

Même avec de l'expérience, on rencontre des pépins. Voici les SOS que je reçois le plus souvent chez TerraLife.

"Ma souche est envahie de petites boules blanches/beiges qui bougent vite"

Aïe, les acariens de sol. C'est le fléau de l'éleveur de microfaune. Ils entrent en compétition alimentaire avec vos collemboles et peuvent finir par dominer la culture. Souvent, ils arrivent parce qu'il y a trop de nourriture non consommée.

La solution : Arrêtez de nourrir pendant une semaine ou deux. Les collemboles survivront en mangeant le substrat, les acariens auront plus de mal. Si l'invasion est trop massive, le mieux est de prélever manuellement vos collemboles rouges (avec un pinceau ou un morceau de légume) et de recommencer une boîte propre.

"Je ne vois plus personne"

Ouvrez la boîte et soufflez doucement (votre haleine chaude et le CO2 les fait souvent bouger). S'il n'y a vraiment plus rien, vérifiez l'humidité. Si le substrat est sec, c'est fini. S'il est détrempé et sent mauvais, c'est une asphyxie.

"Il y a de la moisissure partout"

C'est... plutôt une bonne nouvelle ! Les collemboles mangent les champignons. Mais si la moisissure ressemble à une toile d'araignée grise et dense (type "cobweb mold"), aérez davantage la boîte.

L'intégration en terrarium

Une fois que votre boîte d'élevage grouille de vie (comptez bien 3-4 mois après l'achat d'une souche), c'est le moment de gloire. L'introduction dans le terrarium.

Ne videz pas toute votre boîte ! Gardez toujours la souche mère de sécurité. Prélevez une partie du substrat contenant des collemboles, ou attirez-les sur un morceau de charbon de bois que vous déposez ensuite dans votre terra.

Dans le terrarium, placez-les à des endroits stratégiques : sous les gamelles d'eau, près des racines humides ou sous les mousses. C'est là qu'ils seront le plus à l'aise.

Coabitation

Ils cohabitent très bien avec les isopodes (cloportes), les iules et bien sûr les reptiles et amphibiens. Attention cependant aux petites grenouilles (Dendrobates) : elles adorent les manger. Si vous avez des prédateurs voraces, assurez-vous d'avoir une population de collemboles très dense et beaucoup de cachettes (feuilles mortes) avant d'introduire les grenouilles, sinon vos beaux collemboles rouges vont se faire exterminer en 48h.

Pourquoi craquer pour eux ?

Au-delà de leur utilité en tant que nettoyeurs (ils mangent les déchets, les fèces, les moisissures), les collemboles rouges apportent une touche de vie fascinante. Observer un groupe de Lobella brouter tranquillement un champignon sur une écorce de liège, c'est un spectacle apaisant.

C'est aussi un excellent moyen d'apprendre à gérer les micro-paramètres d'un environnement. Si vos collemboles rouges prospèrent dans votre terrarium, c'est un excellent bio-indicateur que votre hygrométrie est parfaite.

Alors, prêt à mettre un peu de couleur dans votre microfaune ? N'hésitez pas à jeter un œil à nos souches disponibles. On les chouchoute pour qu'elles arrivent chez vous en pleine forme.

FAQ : Vos questions sur les collemboles rouges

Est-ce que les collemboles rouges peuvent s'échapper et envahir ma maison ?

Non, absolument aucune chance. Ils sont dépendants d'une très forte humidité. S'ils sortent de la boîte ou du terrarium, ils sèchent et meurent en quelques minutes (voire secondes) dans l'air sec de nos maisons. Ce ne sont pas des nuisibles.

Combien de temps vivent-ils ?

C'est difficile à dire individuellement, mais un collembole adulte peut vivre plusieurs mois, voire jusqu'à un an dans de très bonnes conditions. La colonie, elle, est théoriquement immortelle si elle est bien gérée.

Puis-je mélanger collemboles blancs et rouges ?

Oui, vous pouvez. Cependant, sur le très long terme et dans un espace restreint, il arrive que l'espèce la plus prolifique (les blancs) prenne le dessus sur l'autre par compétition alimentaire. Dans un grand terrarium planté, les deux cohabitent généralement très bien car ils n'occupent pas exactement les mêmes niches.

Pourquoi mes collemboles ne sont pas aussi rouges que sur les photos ?

La couleur peut varier selon l'alimentation et l'éclairage, mais aussi selon l'âge. Les jeunes sont souvent plus pâles (roses ou orangés) et deviennent rouge vif/bordeaux à l'âge adulte. Une alimentation riche en caroténoïdes (carotte, patate douce, nourriture poisson couleur) peut aider à raviver leur éclat.

Combien de boîtes faut-il pour un terrarium de 45x45x45 ?

Pour un démarrage efficace, je recommande 2 boîtes si vous voulez un effet immédiat, ou 1 boîte si vous êtes patient et que vous laissez le temps à la population de s'installer avant d'introduire des prédateurs.